Rencontre avec ABOKINE, start-up nantaise qui oeuvre pour la transition énergétique

MotiWeb est passionnée par le développement durable et la TEE (transition écologique et énergétique), nous sommes donc enchantés d’accueillir François Guillevic, responsable marketing et business development d’Abokine, pour cet article-interview.

Abokine est une startup de forte croissance, basée à Nantes, qui oeuvre pour la transition énergétique, selon un modèle innovant, centré sur les CEE (voir plus bas pour la définition) : saviez-vous que 45% de la consommation énergétique en France vient du logement ? C’est le sujet d’intervention d’Abokine, comme nous allons le découvrir avec François :

MotiWeb : Vous avez récemment choisi de renommer votre société, pour lui donner le nom d’Abokine, qui signifie l’ami ou l’allié. Pourriez-vous svp nous en dire plus ? De qui êtes-vous les amis ? 🙂

François Guillevic : Nous sommes les amis de ceux qui concrétisent la transition énergétique au quotidien mais sont trop souvent oubliés : les artisans. Et comme ils sont un peu trop mis de côté, on ne leur donne pas toujours les moyens de bien faire ce qui n’est pas naturel pour eux : aider leurs clients à financer les travaux, la gestion administrative…

L’idée de ce changement de nom, c’était cette volonté d’affirmer notre rôle auprès des artisans pour construire une complémentarité qui nous semble évidente : eux experts de leur domaine (quels produits utiliser ? comment les mettre en oeuvre efficacement ?), et nous à leurs côtés pour leur faciliter la vie sur ce sujet du financement des travaux qui est devenu de plus en plus incontournable dans leur quotidien.

Et je me permets de répondre à une question que vous ne m’avez pas posée mais qui doit vous brûler les lèvres : d’où viennent ces financements que nous proposons aux artisans ? Abokine est un acteur du dispositif des CEE (Certificats d’Economies d’Energie). En tant que structure délégataire, nous produisons des CEE, qui matérialisent des chantiers d’économies d’énergie, et les vendons aux fournisseurs d’énergie (les “Obligés”) qui ont l’obligation de financer les économies d’énergie (principe du pollueur payeur).

M : Quelles sont les métriques ou KPIs que votre entreprise suit, pour mesurer et optimiser son impact ?

F.G. : L’efficacité de notre action se mesure dans une unité barbare qui est le “kWh cumac” qui traduit, dans le cadre du dispositif des CEE, l’économie d’énergie théorique économisée lors de travaux d’économies d’énergie. Mais notre métier est en forte évolution. Nous devrions très bientôt parler dans une unité bien plus parlante pour tout le monde : le montant d’euros investis dans des travaux d’économies d’énergie, l’idée étant rapidement de proposer un guichet des aides financières incluant le CEE, mais pas seulement.

M : De quoi êtes-vous le plus fier dans vos réalisations et projets chez Abokine, au sens de l’équipe toute entière ?

F.G. : Dans un dispositif des CEE qui a attiré beaucoup d’acteurs ayant eu parfois des motivations autres que celle de concrétiser la transition énergétique de notre pays, Abokine s’est forgé une raison d’être sincère et fédératrice auprès de ses équipes et de nos partenaires. Ce “why” pour reprendre du jargon marketing est une fondation très solide pour nous et nous permet d’avancer dans le respect de nos valeurs. Le travail que nous avons effectué cette année lorsque nous avons changé de nom a à ce titre été très structurant : nous savons tous pourquoi nous nous levons le matin, c’est une sacrée chance !

M : Que répondez-vous à ceux qui disent qu’isoler nos bâtiments en France et en Europe, c’est bien, mais inutile alors que les Etats-Unis et d’autres puissances majeures sont menées par des climatosceptiques qui peuvent contrecarrer nos efforts avec leurs émissions de CO2 ?

F.G. : Ne partons pas battus ! Certes, la France représente une part en effet assez limitée des émissions mondiales globales. Le changement climatique peut, avec une dose de cynisme, devenir une belle opportunité pour notre pays, qui, s’il prend ce virage plus tôt que d’autres, pourra plus tard devenir la référence d’une transition réussie. L’effet d’entraînement peut être réel si un cercle vertueux se met en oeuvre avec des emplois à la clé, une diminution des consommations d’énergie et une amélioration de notre balance des paiements si nous réussissons à diminuer notre dépendance aux énergies fossiles. La transition énergétique peut ainsi être une réponse concrète à une partie de nos maux économiques et un projet inspirant pour tous. 

M : Au niveau sociétal, en France ou en Europe, si vous aviez une baguette magique permettant de prendre des décisions (réalisables dans la réalité : pas de téléportation ou de création spontanée d’énergie), que feriez-vous ?

F.G. : Le débat est aujourd’hui hystérisé et souvent source de malentendus : on ne parle que de l’électricité et du nucléaire. Or, la production d’électricité française est aujourd’hui décarbonée et ne peut donc pas être un sujet prioritaire dès lors que l’on parle de changement climatique. Il est primordial que la discussion se porte sur le reste, à savoir nos consommations de fossiles (pétrole, gaz, charbon). Et là, on touche directement au quotidien de chacun, rendant les changements très difficiles : regardez l’impact du passage à 80 km/h sur les routes nationales par exemple… donc quelques pistes d’action plus ou moins opérationnelles à court ou moyen terme : flécher les investissements vers ce qui fait baisser les émissions de CO2 (et donc forte diminution des investissements vers les renouvelables électriques), plan massif de rénovation thermique, repenser l’organisation de nos villes pour favoriser les mobilités douces, favoriser les circuits courts, limiter l’obsolescence de ce que nous achetons… 

Mais plus généralement, c’est un projet de société qui doit être proposé pour sortir de l’écologie punitive et de toute culpabilisation contre productive… quelle vision du monde souhaitons-nous promouvoir pour les générations futures ?

M : De quoi a besoin Abokine pour poursuivre sa mission et multiplier par 10 son impact dans les années à venir ?

F.G. : Tout d’abord d’un cadre réglementaire stable découlant d’une stratégie claire et précise de notre pays. Aujourd’hui, aucun particulier ne souhaite investir dans des travaux d’économies d’énergie dont les impacts sur le porte monnaie seront positifs au bout de 20 à 30 ans. C’est trop long. Mais comme les externalités positives de la rénovation énergétique sont nombreuses et indiscutables, la puissance publique a intérêt à promouvoir des dispositifs d’aides pour la soutenir. Mais dans quelle ampleur ? C’est structurant pour nous. Et il faut à tout prix éviter les “stop and go” qui cassent les dynamiques initiées.

Nous aurons évidemment besoin de financements et de bonnes volontés prêtent à rejoindre notre aventure. Mais plus généralement, les filières doivent se structurer et d’industrialiser, et cela dépasse très largement le seul cas d’Abokine. La chaîne de valeur de la rénovation énergétique implique de nombreux acteurs : on pense en premier lieu aux artisans et aux fabricants mais il faut également y inclure l’école pour former les futurs acteurs de cette industrie. 

Il y a presque un paradoxe à constater aujourd’hui que les financements pour lancer des travaux sont disponibles mais que les compétences et les produits (isolants, chaudières…) peuvent manquer. C’est pour cela que cette stratégie doit d’inscrire dans le temps long pour que les investissements nécessaires se mettent en oeuvre, notamment dans la formation et dans l’outil productif.

MotiWeb : Merci énormément d’avoir pris le temps de participer à cette interview François et tous nos voeux de réussite pour Abokine !

abokine

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