Interview de Laure Verhaeghe, DG de Lendosphere

L’équipe de MotiWeb est ravie d’accueillir Laure Verhaeghe, directrice générale de la plateforme de financement participatif Lendosphere, dont le slogan nous parle beaucoup : “Donnez du sens à vos intérêts”.

Merci Laure de votre participation et bienvenue sur notre blog !

MotiWeb : Comment Lendosphere et vos concurrents participent-ils à résoudre la crise climatique en cours ? Quel est votre pierre ajoutée à l'édifice ?

Laure Verhaeghe : Lendosphere permet aux Français de flécher directement leur épargne vers des projets d’énergie renouvelable. En 5 ans, les 13.000 prêteurs de Lendosphere ont financé en tout ou partie 180 projets éoliens, solaires, réseaux de chaleur, méthanisation, à hauteur de plus de 55 millions d’euros, en France et dans six pays d’Afrique.

Plusieurs ONG ont travaillé sur l’empreinte carbone des investissements réalisés par les grandes banques françaises, qui est de l’ordre de 500 tonnes de CO2 par million d’euros investis (voir l’étude : http://www.carbon4finance.com/report-amisdelaterre-oxfam/).

Côté Lendosphere, l’empreinte carbone des investissements est positive et contribue à diriger l’épargne des Français directement en faveur de la transition énergétique. 

MotiWeb : Quel est l'état du crowdfunding orienté RSE en France actuellement ? Quel est son avenir à 3 ans ?

Laure Verhaeghe : En 2018, le financement participatif pour les énergies renouvelables a représenté 40 millions d’euros – une goutte d’eau dans l’océan des milliards nécessaires pour la transition énergétique, mais une goutte d’eau qui permet d’associer les Français aux enjeux et aux retombées de la transition énergétique.

D’ici trois ans, les perspectives pour le secteur sont prometteuses : entre 250 à 400 millions d’euros seront nécessaires pour couvrir les besoins en financement participatif pour les projets solaires et éoliens lauréats des appels d’offres au niveau national. 

Au-delà de ces besoins, le contexte réglementaire vient d’évoluer, portant à 8 millions d’euros le plafond réglementaire par collecte en financement participatif, contre 2,5 millions d’euros jusqu’alors. Ce relèvement de plafond nous permettra de mieux répondre aux attentes des porteurs de projet et de couvrir de plus amples besoins : nous imaginons que le marché représentera plusieurs centaines de millions d’euros à horizon 5 ans. 

C’est le temps nécessaire également pour que les Français adoptent le financement participatif : l’un des enjeux de notre secteur est de faire connaître cette nouvelle façon d’épargner, qui reste encore peu connue à ce jour, tout en confortant la qualité des dossiers présentés, notamment sur les plateformes généralistes.

MotiWeb : Chez Lendosphere plus spécifiquement, vous avez, à date, déjà plus de 50M€ de prêts validés, quel est votre objectif par an, en vitesse de croisière ?

Laure Verhaeghe : Notre objectif est de doubler le volume collecté chaque année, jusqu’à l’atteinte d’un rythme de croisière qui permettra de couvrir les besoins en financement de nos partenaires. Ces besoins sont immenses : nous travaillons pour les couvrir de façon réactive et compétitive, afin de proposer aux investisseurs des projets les plus sûrs possibles, en adéquation avec les critères et les attentes du marché des énergies renouvelables.

Lendosphere

Amaury Blais et Laure Verhaeghe. Co-fondateurs de Lendosphere.

MotiWeb : Vous obtenez un taux de 0% de défaut sur vos prêts, comment y parvenez-vous et comment comptez-vous poursuivre sur ce track record à l'avenir ?

Laure Verhaeghe : Nous enregistrons à ce jour une absence de défaut et de retard sur les opérations bouclées sur Lendosphere. Plus de 3 millions d’euros d’intérêts ont été versés par nos partenaires aux personnes qui ont prêté aux projets qu’ils portent partout en France et en Afrique. Ce résultat est le fruit d’une grande attention et d’une grande rigueur apportées à l’analyse des projets. Nous n’avons jamais sacrifié la qualité des projets sur l’autel du volume et du nombre de projets présentés, et avons toujours écarté les projets qui ne répondaient pas à nos critères de solidité et de viabilité. Le coeur de notre métier est, et restera, la sélection des projets et le service client.

MotiWeb : Que répondez-vous à ceux qui disent que même les énergies renouvelables polluent (production des panneaux/éoliennes, emprise au sol, matériaux utilisés, etc) ?

Laure Verhaeghe : Il suffit en moyenne d’une année pour qu’une éolienne produise l’énergie nécessaire à sa fabrication, son installation, son exploitation et son démantèlement. Cet indicateur s’élève à 2 à 3 ans en moyenne pour les panneaux solaires (en fonction de la production de l’installation et donc de l’irradiation dont elle bénéficie notamment). Dans les deux cas, les matériaux utilisés sont recyclables dans leur quasi-totalité, ayant une réelle valeur économique. Ces données prouvent la pertinence de bâtir un mix énergétique avec ces énergies renouvelables, qui utilisent le vent et le soleil comme combustibles…

Plus globalement, un mix énergétique 100% renouvelable est possible et souhaitable au regard de sa qualité environnementale et de sa compétitivité économique, selon les études concordantes de l’ADEME, de LUT (Finlande), de Stanford, etc.

La dernière injonction de la ministre de la Transition écologique et solidaire, appelant EDF à considérer un scénario 100% renouvelable (sans nucléaire), s’inscrit dans cette tendance de fond, désormais portée par des personnes et des institutions dont le sérieux ne saurait être remis en question.

Aux détracteurs, nous répondons qu’il s’agit de réduire ses consommations (mobilité, logement, alimentation, textile, etc.) et de couvrir la part incompressible par des sources d’énergie qui ne porteront pas préjudice à notre génération, ni aux suivantes.

centrale photovoltatique

MotiWeb : Quelles 3 actions-clés devrions-nous lancer, en tant que société entière, pour multiplier 10x sur l'impact sur la transition énergétique ?

Laure Verhaeghe : Chaque année, il y a encore 3 à 4 fois plus de subventions allouées aux énergies fossiles dans le monde qu’aux énergies renouvelables (335 Mds€ contre 90). Heureusement, les investissements dans les EnR croissent rapidement et ont dépassé ceux réalisés dans les énergies fossiles. Mais nous n’avons plus le temps : il faudrait laisser dans le sous-sol toutes les réserves connues à ce jour pour limiter l’augmentation de la température de la planète. L’indicateur à suivre est celui de la concentration de CO2 dans l’atmosphère : il a dépassé 415 ppm en mai 2019, un record sur les derniers 3 millions d’années… La montée du niveau des océans et les dérèglements climatiques provoqueront des mouvements de population sans commune mesure avec ceux que nous connaissons aujourd’hui.

En tant que citoyen, il faut concentrer notre temps et nos énergies aux solutions : travailler dans un secteur qui va dans le bon sens, être le plus cohérent possible dans sa vie quotidienne et ses achats, accompagner les réseaux militants, diffuser l’information autour de soi, expliquer aux réticents, etc.

Il faut que les décideurs économiques et politiques aient conscience que leurs électeurs et consommateurs sont en avance sur ce sujet afin que les lignes bougent plus rapidement. Pour l’instant, les négociations internationales sur le climat s’accompagnent, année après année, d’une augmentation inexorable de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Découvrez le site de Lendosphere et le profil de Laure Verhaeghe sur LinkedIn.

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