Economie de la gratuité : tout est-il finalement payant ?

Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, nombre d’auteurs évoquent l’apparition d’une nouvelle forme de gratuité.

Parmi eux, l’auteur Chris Anderson, qui est à l’origine de nombreux livres traitant de l’économie, met en lumière un système se basant sur la nullité des coûts de reproduction en tirant parti des bénéfices de la numérisation.

« La constante diminution des coûts

de production de l’économie numérique

incitera bientôt la plupart des entreprises

à donner la majorité de leurs produits ».

Chris Anderson

Malgré ses avantages, cette configuration a inévitablement induit une sorte de « durcissement » de l’offre, marquée par des prix de vente toujours à la baisse, et une concurrence de plus en plus rude.

De ce fait, comment appréhender le concept de « gratuité », comme l’information a définitivement un coût marginal se rapprochant du « rien du tout » ?

Si dans le commerce traditionnel, l’idée même de casser outre mesure les prix est un procédé anticoncurrentiel, comment aborder le phénomène qui est plus « libéral » sur Internet ?

Ce changement ne reflète-t-il pas la nécessité d’une expertise se rattachant au droit ? Quelles dispositions devraient être mises en place pour établir une forme « d’éthique commerciale numérique » ?

Le concept de la subvention croisée

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Il faut comprendre, par « subvention croisée », la transaction par laquelle une entité offre un produit ou un service avec la finalité d’en faire acheter un autre.

Ce modèle est très répandu dans l’univers musical. Il est ainsi fréquent de tomber sur des téléchargements « gratuits » visant à accroître la popularité d’un blog ou d’un artiste, tout en rendant plus fluides et plus interactifs les concerts ainsi que l’écoulement de produits tels que les t-shirts, les goodies ou encore les vinyles.

De même, dans le monde de la téléphonie, des appareils sont librement offerts en contrepartie d’une souscription à un abonnement avec un engagement sur une certaine période.

En webmarketing, vous pourrez également entendre parler du système des « livres blancs ». Le concept est relativement simple : pour télécharger un contenu dit « premium », qu’il s’agisse d’un livre blanc ou d’un ebook, vous aurez d’abord à renseigner quelques informations personnelles, plus particulièrement votre contact. En vous proposant l’ebook, l’entreprise réussit le tour de force de vous faire connaître d’autres contenus qui pourraient se révéler attractifs pour vous, et ce, en vous « nurturant ». C’est un procédé relativement courant qui se donne pour objectif de vous « dorloter » jusqu’à ce que vous intégriez la clientèle de la société.

En s’écartant légèrement du  phénomène de gratuité, il arrive que des entreprises fassent le choix de vendre à perte. Dans ces schémas, elles proposent des produits qui ne leur rapportent rien, sans que ce ne soit un don, dans la mesure où ceux-ci ont été acquis via un producteur. L’intérêt de ces marchandises est de constituer ce qu’on appelle « des produits d’appel ». Une étude de Capital.fr rapporte ainsi que la grande distribution réussit à réaliser des marges en misant sur un certain nombre de produits, tout en bradant d’autres marchandises « d’appel » qui sont très recherchées par le chaland.

Toutefois, cette analyse a requis une analyse détaillée de chaque rayon en magasin et sur chaque article mis en vente. Dès lors, cette forme d’économie gratuite trouve son intérêt pour les marques, quand le produit demeure moins cher à offrir que de le vendre.

Miser sur le pouvoir publicitaire

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De nos jours, le modèle publicitaire fait partie intégrante du marketing, une réalité qui ouvre largement la voie à la réflexion.

Est-ce que la gratuité suppose que « vous » êtes en définitive le produit ? Ainsi, quand vous vous rendez sur YouTube afin de visionner la toute nouvelle vidéo de votre influenceuse de prédilection, à un moment ou à un autre de la vidéo, une publicité se lance automatiquement.

Il faut savoir que dans les coulisses, des annonceurs se chargent d’envoyer une publicité audiovisuelle dans les pipelines. L’entreprise Google estime que le format préféré des internautes reste l’option « YouTube TrueView ».

Une autre configuration lance une publicité « pré-roll » bien avant la diffusion de la vidéo de façon à mieux capter votre attention. Vous aurez probablement remarqué ce contenu promotionnel de près de 30 secondes avant de pouvoir visionner votre vidéo. Il n’est pas rare que vous finissiez par interagir avec cette annonce. Par conséquent, l’annonceur devra « payer » dans la mesure où un « client potentiel » (vous ?) a manifesté un signe d’intérêt.

Par ricochet, YouTube et le YouTubeur en question gagneront également une commission. Dans votre esprit, vous aurez simplement regardé gratuitement une publicité et une vidéo alors qu’en amont et aux yeux de YouTube, vous incarniez le produit auquel il a réussir à vendre de l’attention.

Le modèle freemium

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Comment comprendre le concept de « freemium » ? C’est en réalité un modèle économique servant à mettre gratuitement à disposition d’une clientèle un service ou un produit afin d’attirer une quantité plus importante de futurs utilisateurs.

Ces derniers seront par la suite transformés en clients définitifs en rendant alléchante une version plus élaborée, plus finie et plus avancée du produit d’origine.

Généralement, cette forme de restriction au niveau de la version gratuite peut se présenter de différentes manières. Il peut s’agir d’un temps d’utilisation limité, d’une capacité restreinte ou encore d’une licence d’utilisation indispensable à acquérir.

Parmi les opérateurs freemium les plus en vogue figure le réseau LinkedIn. Il vous est en effet possible de créer un compte gratuit où vous pourrez interagir avec d’autres personnes de la même plateforme. Vous pouvez ainsi entrer facilement en contact avec d’autres utilisateurs. Toutefois, pour tirer le meilleur parti des réseaux de LinkedIn, il vous faudra recourir à des formules payantes, à l’image de LinkedIn Sales Navigator.

Celui-ci vous permet entre autres de trouver des décideurs dont vous obtiendrez des informations clés et que vous pourrez contacter directement en engageant une conversation personnalisée.

De même, avec Les Bons Freelances, vous aurez accès à un large panel d’offres auxquelles vous pourrez répondre sur une période limitée à 2 mois. Par ailleurs, une personne non abonnée n’est pas habilitée à souscrire à un appel d’offres excédant les 48 heures.

En souscrivant à la plateforme, vous pourrez postuler à avantage d’appels d’offres au moment même où ces derniers sont mis en ligne.

Dans l’univers du « gaming », vous retrouverez assurément le modèle « free-to-play » (abrégé par F2P) dans lequel la publicité dans le jeu sert d’annonce au produit de la vente. Les services proposés concernent notamment l’achat de divers objets virtuels, des accessoires de gamers dernier cri et bien d’autres avantages s’adressant aux passionnés.

L’option du troc

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En se fiant à la définition émise par l’Internaute.fr, le concept de troc suppose un échange direct de biens ou de services ne requérant pas l’utilisation de la monnaie.

Dans ce système économique non monnayé qui a vu le jour il y a près de 11 000 ans, à l’ère du Néolithique, les individus alors regroupés en tribus vivaient de l’élevage et de la culture.

Ce ne sera que plus tard, avec les progrès accomplis, que le troc sera substitué par la monnaie qui servira d’unité d’échange mettant en relation l’offre et la demande.

Encore à ce jour, la pratique est toujours plébiscitée, mais dans des formes un peu plus modernes, quitte à s’inviter sur le web.

Le troc entre particuliers

Il existe de nombreuses plateformes de troc sur Internet qui s’adressent plus généralement aux particuliers. Parmi elles, les plus réputées sont France-troc.com ou encore Simpletroc.com.

Sur ces sites, vous pouvez échanger divers produits tout comme en acheter ou en proposer. Des trocs classiques existent également sur Mytroc.fr où il vous est possible de troquer en termes de noisettes (la monnaie collaborative de la plateforme). C’est en jouant sur le montant des noisettes que vous négocierez l’objet à échanger.

Toutefois, au quotidien, le concept demeure très pratiqué, même entre voisins. Ainsi, vous pouvez proposer à votre voisin de palier de garder ses enfants le temps d’une soirée contre son aide pour monter un meuble compliqué. Heureusement que ce modèle existe encore, non ?

Le troc dans les échanges B2B

Dans l’univers du commerce B2B, le troc demeure un procédé tout à fait légal permettant des échanges dits « interentreprises » de biens ou de services.

Pour les protagonistes, il permet de garantir le développement de son activité sans qu’il soit besoin d’échanger des pièces sonnantes et trébuchantes. C’est une application précieuse pour les toutes jeunes pousses qui ont encore une trésorerie assez mince et qui aspirent à accroître leur activité sans avoir à débourser de l’argent.

En France, vous trouverez notamment la plateforme France Barter qui met en relation les entreprises. En souscrivant au réseau, vous pourrez acheter sans argent via une communauté riche d’entreprises dans diverses branches.

Dans la pratique, une entreprise propose un produit ou un service pour lequel elle reçoit en contrepartie un crédit de même coût, qu’il lui est possible de dépenser auprès des autres collaborateurs du réseau.

Toujours est-il que le troc constitue un manque à gagner pour l’État, lequel perçoit habituellement la TVA en se basant sur les échanges commerciaux. D’où la nécessité pour ce type de transaction d’intégrer la TVA. C’est une action qui se réalise normalement lors de l’enregistrement de la facture sur le réseau qui va alors supposer une forme de paiement.

D’ailleurs, le troc a été reconnu par Bercy et dispose d’un guide d’application depuis 2013.

Les formes plus complexes de troc

Il existe également des formes un peu plus complexes de trocs dits de « style barter ». Cette configuration plus élaborée présente de plus des similitudes avec l’économie dite de marché traditionnel et s’inscrit dans une logique plus poussée que le simple échange one-to-one.

C’est ainsi qu’en 2003, L’Expansion évoquait l’existence des SEL ou Systèmes d’Échanges Locaux qui regroupent des associations. Au sein d’un groupe, vous pourrez trouver une monnaie symbolique qui lui est propre. Il peut s’agir de services banals du quotidien comme un cours de piano, du baby-sitting ou encore une initiation au tricot. Dès lors que vous êtes confronté à une personne ou un service très demandé, le concept a recours à un système monétaire standard.

Les lois relatives au troc

Il faut savoir qu’il existe aujourd’hui en France une réglementation qui encadre la pratique du troc. Contrairement à ce que vous pourriez penser, il ne s’agit toutefois pas d’une disposition récente étant donné que son apparition remonte au 17 mars 1804.

Ladite loi avance ainsi que constitue un « contrat » toute forme d’échange entre deux partis – une hypothèse qui appelle incontestablement à la vigilance.

Elle stipule également qu’une demande d’annulation de l’échange est autorisée si le produit perçu ne correspond pas à la description donnée à l’acheteur.

Par contre, aucune annulation n’est possible tant que le portefeuille demeure conforme et même s’il a subi quelques dégâts lors du transport.

L’économie du don

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En toute chose (malheureusement), l’argent constitue une des premières motivations. Pourtant, même si le cas demeure rare, au Bhoutan, le « bonheur national brut » a pris le pas sur la course à la marge et sur le produit intérieur brut (PIB).

De plus en plus, la question se pose sur l’importance de considérer des indicateurs de succès qui dénoteraient de valeurs plus « humaines », voire plus durables. Néanmoins, ce principe d’économie du don reste foncièrement à l’opposé des principes de l’économie de marché, comme l’affirme l’auteur Jean-François Noubel.

Dans l’économie traditionnelle, la détermination du prix final ou de l’accord dans le cadre d’un troc se base sur l’équilibre des tensions. Si la transaction est monnayée, l’argent s’apparente à une « monnaie rare ». C’est alors cette caractéristique de « rareté » qui va attiser la compétition ainsi que le regroupement des pouvoirs et des ressources.

Cependant, est-il possible de trouver un quelconque intérêt dans le don ? Il faudrait en effet y voir en premier lieu un avantage purement « darwinistique » à travers lequel le principe est de « donner à son entourage » ou des personnes de son cercle proche et de ce fait, présentant des gènes proches.

Dans cette conviction figure la « boucle de rétroaction », généralement connue sous l’appellation de « karma » et qui suppose un retour positif sur une action. Ne serait-il pas alors possible d’élargir le concept à une communauté ou à une entreprise pour permettre à la société de mieux se porter ?

Étant donné que nous ne sommes pas dans la position d’une obligation de rendre la pareille envers un individu qui nous aurait fourni son aide, cela met l’accent sur « la gratuité du don », comme ce dernier n’a induit aucune forme de contrat ni de rétribution.

Pour autant, par politesse et en accord avec l’éducation de chacun, nous sommes généralement amenés à rendre cette « pareille » d’une certaine manière. Par la suite, pour pouvoir à nouveau bénéficier d’un service, de cette gentillesse ou d’une aide de quelque sorte, il semble naturel de fournir en retour à cette personne une forme de « rémunération » sous l’apparence d’un don afin d’encourager la réitération de l’effort amical.

La pensée commune admet qu’il n’est nullement possible d’acheter une amitié contre de l’argent et réciproquement. Une attitude dans laquelle une connaissance viendrait à quémander une certaine somme à un « ami » en contrepartie de son hospitalité dans le cadre d’un dépannage d’urgence, par exemple, pour que cette personne n’ait pas à dormir dehors, est somme toute malvenue.

Il est fort probable qu’une relation basée sur des règles sociales de ce type perdure dans le temps. En fonctionnant de la sorte, il y a fort à parier que vous perdiez votre ami et par conséquent, la gratification et la satisfaction que constitue la « possession » d’un ancrage social pour son bien-être psychologique. De ce fait, il y a incontestablement une forme tacite de contrepartie au don dans nos relations humaines qui peut parfois revêtir une caractéristique immatérielle. Comment ne pas reconnaître les bienfaits d’un simple sourire ?

Dès lors, n’est-il pas envisageable d’attribuer une fonction « d’autoalimentation » à l’économie. Pourquoi ne pas lancer un cercle vertueux dans lequel il m’est plaisant de vous faire plaisir et parallèlement, qu’il vous est agréable que le fait de vous faire plaisir me plaise également ? C’est assurément sur ce principe que se fonde le mécénat, même si le concept est subordonné au paiement des impôts.

Le modèle du B2C2B

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De plus en plus, le modèle du B2C2B gagne en popularité. Dans ce schéma, les entreprises fournissent gratuitement des informations aux particuliers sur leurs produits de négociant avec l’objectif de susciter un désir d’achat chez les distributeurs. Dans ce principe, l’acte de gratuité a pour vocation d’atteindre et d’influencer d’autres acteurs de la chaîne commerciale.

Dans certaines applications, il est même possible de cibler un employé afin de toucher des dirigeants d’une entreprise. En effet, le B2C2B constitue un modèle marketing dont la finalité est de séduire les secteurs intermédiaires. Jadis, c’est le B2B qui était plébiscité pour des actions sur la branche décisionnaire d’une société.

Toutefois, il faut distinguer deux types de régimes : le B2C2B interne dans lequel l’entreprise par des clients aux employés et le B2C2B externe, où, inversement, l’entreprise parle aux clients de vos clients.

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